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LE CŒUR AJOUTE A MES ACTIONS LA VALEUR RELIGIEUSE

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Mc 12, 38-44

 

CONTEXTE

Nous nous trouvons dans les derniers versets du chapitre 12. Dans l'évangile de Marc, il ne reste plus que le discours eschatologique du chapitre 13 et la passion.

Une fois de plus, Jésus enseigne. Bien que l'épisode que nous venons de lire se réduise à quatre versets, il possède une profondeur considérable. C'est le meilleur résumé qu'on puisse faire de l'évangile. La simplicité du récit dissimule le message le plus profond de Jésus : tout le tralala religieux extérieur n'a aucune valeur spirituelle ; la seule chose importante est l'intériorité de chaque personne.

Chez les deux veuves des lectures, nous nous trouvons aujourd'hui devant un nouvel exemple de ce que signifie une foi authentique, confiance absolue.

(1 Rois 17, 10-16) Le pot de farine ne s'épuisera pas, le flacon d'huile ne se terminera pas

(Heb 9, 24-28) « Il s'est manifesté une seule fois, au moment suprême... »

Dans les versets précédents, après avoir décrit de bien des manières l'attitude des dirigeants juifs, l'évangile souhaite nous proposer comme idéal l'attitude toute simple de la veuve. Ce que le riche d'il y a quelques dimanches a été incapable de faire, elle y parvient tout naturellement. Le message ne peut pas être plus transparent. Il y a peu de choses à expliquer aujourd'hui. Il faut nous laisser interpeller par le récit.

Dans cet épisode apparaît clairement la personnalité de Jésus. N'importe lequel d'entre nous, progressistes, aurait dit à la veuve : ne sois pas stupide ; ne donne pas ces monnaies aux prêtres ; ils possèdent plus que toi. Sers t'en pour manger. Mais Jésus qui vient de critiquer aussi durement les magouilles du temple, découvre aussi la richesse spirituelle montrée par la pauvre veuve et reconnaît la valeur de cette façon d'agir parce qu'elle est un reflet de son attitude envers Dieu. Loin de tout calcul, elle se laisse porter par le plus authentique sentiment religieux.


EXPLICATION

« Ils jetaient ». Les pièces se déposaient dans des sortes d'énormes entonnoirs en forme de porte-voix, placés le long du mur. La large bouche des klaxons de bronze permettait de lancer les monnaies depuis une distance considérable. Les riches pouvaient orgueilleusement entendre le bruit de leurs pièces cogner contre le métal. Ce que jeta la veuve étaient deux piécettes de la valeur la plus basse de l'époque. Ce qui faisait une somme ridicule. La traduction devrait s'adapter à chaque époque. Aujourd'hui ce seraient deux centimes.

Je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le tronc plus que personne. Le début « en vérité je vous le dis » indique que la phrase est très importante. L'idée que Dieu regarde plus le cœur que les apparences n'est pas une nouveauté dans la religiosité juive ; elle se rencontre en de nombreux commentaires de l'AT. Jésus approfondit l'idée et la propose aux disciples comme exemple d'attitude religieuse. C'est en quoi elle est originale.

Elle a donné tout ce qu'elle avait pour vivre. Pour saisir toute la force de cette phrase finale, il faut tenir compte qu'en grec, « bios » signifie non seulement vie, mais aussi mode de vie, ressources, moyens ; ce serait l'ensemble de biens (aliments, normalement) indispensables pour subsister. Nous avons un mot qui pourrait s'approcher un peu de ce qu'exprime le texte grec : « vivres » ou « réserves ». Elle a donné tout ce qui constituait sa possibilité de vie. Ce qui équivaudrait à remettre sa vie entre les mains de Dieu.


APPLICATION

Tenons compte du fait que Jésus avait réalisé la « purification du temple ». Nous savons ce qu'il pensait de la façon dont était géré le culte et sa critique de la spoliation des pauvres au nom de Dieu, pour que les chefs religieux vivent comme des rois. De fait le temple était le centre économique du pays tout entier. Cette économie était basée sur l'obligation d'offrir des sacrifices et de donner au temple le dixième des récoltes, en plus de dons volontaires. Le Dieu libérateur était devenu le dieu oppresseur et exigeant qui maintenait le peuple en esclavage par l'intermédiaire de ses dirigeants.

A l'inverse de ce que nous pensons d'habitude, l'évangile nous dit que la valeur principale de l'aumône n'est pas de porter secours en cas de besoin urgent chez une autre personne, mais d'adopter une véritable attitude religieuse. L'aumône de la veuve, malgré son insignifiance, démontre une attitude de confiance totale envers Dieu et de disponibilité totale. S'agissant de nos relations avec Dieu, les apparences ne servent à rien. La sincérité est le seul fondement d'une religiosité effective. On ne peut tromper Dieu avec des apparences.

Il n'est pas directement question de générosité, mais de détachement. Ce qui est clair dans l'évangile, c'est que l'égoïsme et l'amour sont les deux plateaux d'une même balance : l'un ne peut pas monter si l'autre ne baisse pas. Notre erreur consiste à penser que nous pouvons être généreux sans cesser d'être égoïstes. Ce que Jésus découvre chez la pauvre veuve c'est qu'en donnant tout ce qu'elle a, le plateau de l'ego était descendu à zéro ; et que par conséquent, le plateau de l'amour était monté jusqu'à l'infini. Si l'aumône que je fais ne diminue pas mon égoïsme, elle n'a pas de valeur spirituelle.

L'évangile de ce jour ne met pas en question ni ne mesure la valeur de l'aumône du point de vue de celui qui reçoit, pour la bonne raison que ce que la veuve avait mis dans le tronc ne pouvait soulager aucun besoin. Il s'agit d'estimer la valeur du don du point de vue de celui qui le fait. Jésus loue l'attitude de la veuve, alors même qu'il vient de critiquer très durement la façon qu'avaient les prêtres de gérer les dons faits au temple.

L'aumône dont il est aujourd'hui question, n'est pas celle qui sauve celui qui la reçoit, mais celle qui sauve celui qui la fait. La différence est si subtile que nous risquons de parler aujourd'hui de tellement de besoins pressants rencontrés dans notre monde et donc de la nécessité de faire l'aumône pour porter remède à ces besoins extrêmes. Il ne s'agit pas de cela aujourd'hui. Il s'agit d'être clairs s'agissant de savoir où nous mettons notre confiance. Nous pouvons la placer dans la sécurité que procurent les possessions ou dans la sécurité que nous donne la confiance en Dieu.

Ce qui motive une aumône ne doit pas être d'abord de soulager le besoin d'un autre, se trouvant dans des conditions pires que les miennes, mais de manifester le détachement des choses matérielles et de conforter la confiance que nous plaçons dans ce qui a vraiment de la valeur. En soi, le montant de l'aumône n'a aucune importance ; elle n'aura de valeur spirituelle que si, en la faisant, je me prive de quelque chose. Donner de notre superflu peut soulager la carence des autres, mais n'a pour moi aucune valeur religieuse. Mon aumône n'aura de valeur que si ça fait un peu mal.

Celui qui reçoit une aumône peut en avoir réellement besoin ; en ce cas, l'aumône a réalisé un objectif social. Cet objectif-là n'est pas essentiel, car il peut être atteint par des circonstances étrangères à une volonté humaine. Celui qui reçoit une aumône peut l'accepter comme il le ferait d'une loterie, sans découvrir la qualité humaine du donateur. Ou bien il peut se rendre compte que l'attitude de l'autre l'invite à être plus humain lui aussi. Si cela n'arrive pas, c'est que l'aumône comme acte religieux a manqué son but pour celui qui la reçoit.

Il se peut que le donateur ait ses besoins largement satisfaits et donne de son superflu ; ou qu'en faisant l'aumône, il se prive de quelque chose dont il a besoin. Dans le premier cas, il pourrait encore manifester un certain détachement, en dominant la soif d'accaparer et de chercher une sécurité dans les richesses. Dans le second, nous entrons dans une dynamique religieuse. Le cas pourrait se présenter d'un pauvre qui fait une aumône dont va profiter celui qui n'en a pas besoin. En ce cas-là, l'objectif religieux est atteint. Mais sans tenir compte de ça, il nous arrive souvent d'éviter de faire l'aumône, parce que nous ne sommes pas sûrs qu'elle va soulager un besoin réel.

C'est seulement quand tu donnes tout ce qui te reste que tu montres une confiance absolue. Le premier centime n'indique rien ; le dernier dit tout, disait St Ambroise : Dieu remarque moins ce que nous donnons que ce que nous gardons pour nous. Un écrivain actuel connu a dit une fois : on ne gagne que ce qu'on donne ; ce que l'on garde est perdu. En renonçant à la plus minime sécurité, la veuve manifeste la pauvreté véritable.

 

Méditation-contemplation

 

La veuve a donné tout ce qu'elle avait pour vivre.

Les deux piécettes n'avaient aucune valeur,

mais l'attitude interne que manifeste ce don insignifiant

est le plus précieux qu'on puisse imaginer.

 

Les actions n'ont de valeur religieuse et humaine

que dans la mesure où ils manifestent notre intériorité.

Qu'ils soient spectaculaires ou insignifiants n'est pas important.

Leur valeur réside au plus intime de chacun.

 

Mon échelle de valeurs doit changer.

Je dois cesser d'accorder de la valeur à ce qui se voit,

Pour me mettre à valoriser en moi et chez les autres

ce qui me fait plus humain et plus chrétien.

 

Fray Marcos

(traduction Maurice Audibert)

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