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UNE CONNAISSANCE IMPARFAITE NOUS MENERA A L'ERREUR

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Lc 13, 1-9

Le message d'aujourd'hui est très simple à formuler, mais très difficile à assimiler. Nous entendons encore fréquemment l'expression fatidique: Punition de Dieu! Nous disions dimanche passé que nous n'avions aucune récompense à attendre de Dieu. Aujourd'hui il nous est précisé que nous n'avons aucune punition à craindre non plus. Récompense et punition sont deux réalités corrélatives. Si Dieu est celui qui envoie la pluie, la sécheresse est forcément une punition. Il est difficile de dépasser cette idée que « Dieu récompense les bons et punit les méchants ». Nous avons enfermé Dieu dans une voie sans issue, pour Lui et pour nous.

La grande théophanie de Dieu à Moïse marque le début de la libération (Ex 3, 1-15). Faisons très attention en lisant ces textes. Ce ne sont pas des récits historiques au sens où nous entendons aujourd'hui l'histoire. Les évènements dont il est question sont arrivés au XIII° siècle avant JC. Ils n'ont pas été écrits en une seule fois, mais élaborés au long de plus de sept siècles. Les premiers récits ont été oraux. Sous le règne de David (X° s.) apparurent les premiers écrits. C'est au V° siècle, sous Esdras et Néhémie qu'eut lieu la dernière rédaction. Il s'agit d'expériences mises par écrit sept siècles après l'évènement. Ne nous attendons pas qu'ils correspondent aux faits tels qu'ils ont eu lieu.

L'Exode est l'expérience centrale de tout l'AT. Dieu sauve son peuple et dans ce salut le peuple se reconnaît comme élu par Dieu. Dieu répond aux plaintes du peuple. Il n'est pas un Dieu transcendant, impassible, à qui lui importent peu le sort des êtres humains. C'est un Dieu qui intervient dans l'histoire en faveur du peuple opprimé. Ainsi le croyaient-ils.

Autre chose est la façon dont nous devons interpréter cette action de Dieu. Il se sert des êtres humains pour accomplir l'oeuvre de salut. Bien que Moïse se déclare incapable, il est envoyé. Ceci est très important au moment d'appliquer à Dieu la libération. Nous sommes responsables de ce que l'humanité chemine vers une libération ou continue à plonger dans la misère la majorité des êtres humains.

« Je suis celui qui suis ». Nous sommes devant l'intuition la plus sublime de toute la Bible et sans doute de toute la pensée religieuse: Dieu n'a pas de nom, simplement, il EST. Le nom de Dieu est une expression verbale: « Celui qui est et sera ».

Dans cette culture, connaître le nom de quelqu'un était le dominer. L'enseignement c'est que Dieu est inaccessible et que personne ne peut le connaître ou le manipuler. Il est dommage que, sans prendre cela en compte, nous ayons tenté deux mille années durant, de le mettre en concepts afin de le manipuler. Les prétentions de la théologie ont été et sont encore insensées. Nous savons tous que le discours sur Dieu est toujours analogique, c'est à dire inadéquat et seulement certain « secundum quid ». Mais nous l'oublions trop souvent et défendons nos ridicules concepts sur Dieu comme s'il s'agissait de la réalité divine elle même.

A partir de l'expérience d'Israël, Paul prévient les chrétiens de Corinthe qu'il ne suffit pas d'appartenir à une communauté pour être en sécurité (1 Cor 10, 1-12).Personne ne peut remplacer la réponse personnelle aux exigences de ton être. Se protéger derrière des sécurités de groupe peut être un piège. Cette recommandation de Paul concorde bien avec l'Evangile. Paul dit: « Celui qui se croit en sureté, qu'il prenne garde de ne pas tomber. » Et Jésus dit par deux fois: « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous. » La vie humaine est un chemin vers la plénitude, qui a besoin de constantes « rectifications »: si nous ne corrigeons pas la direction erronée, nous nous précipiterons à l'abîme.

L'évangile d'aujourd'hui nous pose l'éternel problème: Le mal est-il la conséquence d'un péché? C'est ce que croyaient les juifs du temps de Jésus et que croient encore la majorité des chrétiens d'aujourd'hui. A partir d'une vision magique de Dieu, on pensait que tout ce qui arrivait était le fruit de sa volonté. On voyait le mal comme une punition et le bien comme une récompense. La lecture de Paul que nous venons d'entendre peut elle même s'interpréter en ce sens. Jésus se déclare complètement opposé à cette façon de penser. Il l'exprime clairement dans l'évangile de ce jour, mais nous trouverons la même chose dans beaucoup d'autres passages.

Cessons d'interpréter comme une action de Dieu ce qui n'est pas autre chose que les forces de la nature ou la conséquence d'accidents humains. Nous ne devons attribuer à une punition de Dieu aucun des malheurs qui pourraient nous arriver; et de la même façon, nous ne pouvons croire que nous sommes bons parce que nous arrivent de bonnes choses. L'évangile d'aujourd'hui ne peut pas être plus clair, mais comme nous le disions dimanche passé, nous sommes incapables d'entendre ce qu'on nous dit. Nous n'entendons que ce que nos préjugés nous permettent d'entendre.

Nous devons quitter cette idée de Dieu Seigneur ou patron souverain qui nous surveille et exige son ttribut depuis le dehors. Inutile de le camoufler derrière des subtilités. Par exemple: peut-être Dieu ne punit pas ici bas, mais il punit dans l'autre vie....Ou bien: Dieu punit, mais c'est par amoour et pour nous sauver...Ou bien: Dieu ne punit que les méchants...Ou alors: nous méritons d'être punis, mais le Christ, en mourant, nous en a libérés. Penser que Dieu nous traite comme nous traitons un âne, qui ne fonctionne que par la carotte ou le bâton, voilà qui ridiculise à la fois Dieu et l'être humain.

L'action de Dieu n'a rien à voir avec les causes secondes. Elle est de nature différente de celle de l'homme et donc ne s'ajoute ni ne s'ôte ni n'interfère avec l'action des causes physiques.

Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous. L'expression ne traduit qu'imparfaitement le grec « metanoete », qui signifie « changer de mentalité », « voir la réalité sous un autre angle ». Jésus ne dit pas que ceux qui sont morts n'étaient pas pécheurs, mais que nous sommes tous également pécheurs et devons changer de route.

Sans une prise de conscience que le chemin que nous prenons nous mène à l'abime, nous ne serons jamais motivés pour éviter le désastre. Si je suis celui qui marche vers l'abîme, je suis le seul à pouvoir changer de route. Chacun est responsable de ses actes. Nous ne sommes pas des marionnettes entre les mains de Dieu, mais des personnes, c'est-à-dire des êtres autonomes qui devons assumer notre responsabilité. La meilleure traduction serait: si tu n'apprends pas, y compris de tes erreurs, tu périras.

La parabole du figuier est éclairante. Le figuier était le symbole du peuple d'Israël, le nombre trois symbole de plénitude. C'est comme si l'on disait: Dieu me donne tout le temps du monde et un an de plus. Mais le temps où donner du fruit est limité. Dieu est don inconditionnel, mais ne peut faire ce que je dois faire. Je suis unique, singulier. J'ai une tâche qui m'est assignée; si je ne l'accomplis pas, elle restera irréalisée et je serai le seul fautif. Personne ne doit venir me récompenser ou me punir. Réaliser la tâche sera la récompense, ne pas le faire sera la punition. La tâche de l'être humain n'est pas de faire des choses, mais de se faire soi même, autrement dit prendre conscience de son être authentique et vivre pleinement cette réalité. Bien sûr, si ce processus ne se traduit pas par des « fruits », ce sera la preuve qu'il n'a pas eu lieu.

Que signifie « donner du fruit »? En quoi consisterait pour nous le salut, ici et maintenant? Peut-être est-ce la question la plus importante que nous devons poser. Il ne s'agit pas de faire ou de ne pas faire ceci ou cela pour arriver au salut. Il s'agit de parvenir à une libération intérieure qui me conduise à faire ceci ou à ne pas faire autre chose parce que mon être authentique me le demande. Le salut ne consiste pas à atteindre ou à obtenir quoi que ce soit. Etre identifié avec Dieu, c'est cela ton être véritable. Découvrir et vivre cette réalité, c'est cela ton salut véritable.

 

Méditation-contemplation


Tu n'as rien à attendre de l'extérieur.

Dieu t'a déjà tout donné, ce qui manque, c'est à toi de le faire.

La tache fondamentale est en toi même.

C'est un processus d'illumination, de prise de conscience de ce que tu es.

 

Se convertir c'est se centrer.

Cela présuppose la conscience d'être décentré.

Sans découvrir que ta route te mène au dehors, aux choses terrestres,

tu ne seras pas motivé pour rectifier quoi que ce soit.

 

N'essaie pas de changer d'objectif hors de toi.

C'est une perte de temps.

Le seul objectif qui peut te combler est à l'intérieur.

Centre toi, concentre toi.

Voilà le seul chemin de conversion.

 

Fray Marcos

(trad. * Maurice Audibert s.m.)

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