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EST PERE CELUI QUI EST CAPABLE DE TOUT DONNER

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Lc 15, 1-32

La liturgie propose la parabole de « l'enfant prodigue » dans l'intention que nous nous identifions avec le fils prodigue. Elle prétend nous faire prendre conscience de nos péchés, et nous inviter à la conversion. C'est une proposition valable, mais en partie seulement: en effet la parabole n'est pas destinée aux publicains et au pécheurs, mais aux pharisiens et aux lettrés qui critiquaient Jésus parce qu'il faisait bon accueil aux pécheurs.

Il s'agit d'un récit très ancien présent dans toutes les cultures. C'est un produit de l'inconscient collectif qui exprime certaines réalités cachées de notre être. C'est un prodige de connaissance psychologique de la personne humaine et la marque évidente d'une expérience religieuse. Les trois personnages représentent divers aspects de nous mêmes.

Pour moi, la compréhension de cette parabole a été une véritable illumination. J'y ai vu reflété de façon sublime tout ce qu'il nous faut apprendre sur le faux moi et notre être véritable. Mais également la nécessité d'interpréter la parabole non pas dans la perspective d'un Dieu extérieur à nous, mais dans celle d'un Dieu qui se révèle à l'intérieur de nous mêmes. Il me faut moi même être le Père qui doit pardonner, accueillir et intégrer tout ce qu'il y a en moi d'imparfait et de trompeur. Etre un fils en vérité ne consiste pas à vivre soumis au père ou éloigné de lui, mais à l'imiter jusqu'à être identifié à lui.

Le père est ce que nous sommes en vérité, notre nature essentielle, le divin qu'il y a en nous. C'est la réalité qu'il nous faut découvrir au profond de notre être et dont nous avons tant parlé dernièrement. Il ne s'agit pas d'un Dieu qui nous aimerait depuis le dehors, il s'agit de ce qu'il y a en nous de Dieu, qui fait partie de nous et qui est en relation avec nous à partir du centre de notre être. Cette réalité véritable que nous sommes, est toujours ouverte, espérant embrasser tout ce qu'il y a en nous. C'est le feu d'un amour qui espère faire fondre toute la glace qu'il y a en nous. Cette réalité fondatrice ne combat jamais contre rien, mais elle essaie de tout embrasser pour l'intégrer à elle même.

Le plus jeune fils symbolise notre « moi », notre nature égocentrique et narcissique qui nous domine tant que nous ne découvrons pas ce que nous sommes réellement. C'est la vague qui se croit capable de vivre sans l'océan, car elle le considère comme une prison. Elle veut continuer à être « moi ». Elle résiste à tout ce qui n'est pas elle et croit que ce qui n'est pas elle peut être annihilé. De là, tôt ou tard, surgit l'insécurité. Il lui faut revenir à ce qu'elle est vraiment, car ce qu'elle obtient pour le moment ne pourra jamais la satisfaire.

L'aîné représente aussi notre « ego » mais qui a fait l'expérience de son être véritable; bien qu'il ne se soit pas encore identifié à lui. Il vit à coté de sa nature profonde (le père) mais il est encore sous l'empire de sa propre nature égocentrique. De là vient qu'il demeure dans une dualité qui le partage. Il croit toujours que l'individualité est incontournable et ne peut accepter l'être véritable des autres, car il ne s'est pas encore identifié avec le sien. Le « moi » et « l'être véritable » sont encore séparés.

Le Père qu'il a déjà découvert et qu'il accepte à l'extérieur, il lui faudra le découvrir à l'intérieur de lui et chez les autres (le frère). Son apparente bonne conduite est motivée par la peur de perdre le Père. Ce n'est en rien une vertu, mais un signe supplémentaire de son égoïsme et de son manque de sécurité en lui-même. Ce qui lui manque c'est de se détacher entièrement de l'ego et de s'identifier avec ce qu'il y a en lui de divin, le Père. Nous devons tous cesser d'être « jeune frère », et « frère ainé », pour nous transformer finalement en « Père ».

L'insistance manichéenne de notre religion à propos du péché, a fait que nous interprétons la parabole d'une façon univoque. C'est une erreur d'appeler ce récit la parabole de « l'enfant prodigue ». Elle n'est pas destinée aux pécheurs pour qu'ils se convertissent, mais aux pharisiens pour qu'ils changent l'idée qu'ils se font de Dieu. Il s'agit de défendre la position de Jésus envers les publicains et les pécheurs, qui manifeste ce que Dieu est pour nous tous, que nous soyons « bons » ou « méchants ». Le Père de la parabole rend Dieu présent dans la façon qu'il a d'agir envers les deux fils, de la même façon que Jésus rend Dieu présent en accueillant les pécheurs.

Nous avons habituellement regardé la parabole comme destinée aux « enfants prodigues ». Ce qui sous entend que nous

tenons tous du plus jeune fils, qui est le « méchant ». En fait le fils ainé n'est pas mieux loti que le plus jeune et devrait faire l'objet d'une plus grande attention.

Il est relativement facile de se sentir fils prodigue. Il est facile de prendre conscience d'avoir dilapidé un capital qui nous a été remis avant que nous l'ayons mérité. Comme le plus jeune fils, il est facile de prendre conscience d'avoir renoncé au père et à la maison, nous avons désiré qu'il soit mort pour hériter, nous avons trahi la famille, nous avons renié l'entourage dans lequel s'était déroulé notre existence. Tout cela pour renforcer notre égoïsme, pour satisfaire notre hédonisme au prix de ce qui nous avait été remis par amour. L'échec pitoyable du jeune fils et la situation désespérée où il se trouve facilite la prise de conscience d'avoir pris le mauvais chemin.

Il est plus difficile de découvrir en nous le fils ainé et pourtant nous avons tous beaucoup plus de ressemblances avec ce dernier qu'avec le plus jeune. Il est fréquent que nous ne comprenions pas le pardon du Père envers les prodigues, cela nous irrite et nous dérange que d'autres personnes qui se sont mal comportées, soient finalement autant aimées que nous.

Nous ne comprenons pas que rejeter le frère c'est rejeter le Père. Non seulement nous ne sentons pas identifiés avec le Père, mais nous tentons par tous les moyens, de faire que le Père s'identifie à nous; chose qui ne vient pas à l'idée du jeune frère. De cette façon, nous ne découvrons pas qu'il nous faut revenir au Père. Là dessus la parabole laisse en suspens de façon inquiétante la réponse du frère ainé. On ne nous dit pas si le fils obéit à son père et se joint à la fête. Ceci doit nous faire réfléchir.

Le père attend patiemment le plus jeune pendant longtemps, sans cesser un instant de l'aimer; mais il va aussi à la rencontre de l'autre pour le convaincre d'entrer et de se joindre à la fête; il démontre ainsi, contrairement à ce que pense et attend le frère ainé, que son amour est le même pour l'un et pour l'autre. Le Père attend avec confiance que les deux frères prennent conscience du caractère inconditionnel de son amour. Cet amour devrait être pour l'un comme pour l'autre un motif de joie.

Parvenir à être Père ne suppose pas que l'on ignore notre condition de frère ainé et de jeune frère. Il faut l'accepter, il faut savoir vivre avec ce qu'il y a encore en nous d'imparfait. Il nous faut tenter de le dépasser, mais en attendant, il faut l'accepter et le surmonter en pratiquant l'amour inconditionnel du Père. Le frère plus jeune comme l'ainé qu'il y a en chacun de nous, doivent faire l'objet du même amour.

La parabole n'exige pas de nous une perfection absolue, mais nous demande de réaliser quel long chemin nous reste à parcourir. Ce qu'elle veut, c'est nous mettre sur le chemin de la conversion véritable: le dépassement de tout égoïsme et individualisme.

Découvrir que nous sommes à la fois le frère ainé et le plus jeune doit nous faire saisir quel est l'objectif de la parabole: le Père. Nous sommes tous appelés à cesser d'être les frères et à nous identifier avec le Père. (Nous pouvons à ce stade découvrir la profonde signification de la phrase de Jésus: « Moi et le Père nous sommes Un ».) Notre croissance personnelle doit tendre à reproduire la figure du Père. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Le récit doit nous faire voir qu'il y aura toujours en notre vie des étapes imparfaites qu'il faut dépasser.

Demeurer éloignés de ce que nous sommes vraiment, c'est nous éloigner de Dieu et marcher dans la direction opposée à notre plénitude. Mais vivre près de Dieu sans le connaître c'est faire de Lui une idole et nous éloigner aussi du but. Ce que cette option a de mauvais, c'est que nous continuons à penser que nous marchons dans la bonne direction, ce qui est bien plus difficile à rectifier. Voilà la cause de l'inefficacité de nos conversions.


Méditation-contemplation


Moi et le Père nous sommes Un.

C'est la meilleure manière d'exprimer ce que fut Jésus.

Toi aussi, tu es UN avec Dieu, mais tu ne t'en es pas encore rendu compte.

Le jour où tu le découvriras,

cette phrase sortira aussi du plus profond de ton être.

 

Découvre ce qu'il y a en toi du jeune frère:

je me laisse porter par l'hédonisme individualiste.

Je recherche le plus facile, le plus commode, ce que me demande le corps...

Mon objectif est de satisfaire les exigences de mon faux « moi ».

 

Découvre ce qu'il y a en toi du frère ainé:

Je recherche la proximité avec Dieu, mais je me fabrique un dieu à ma mesure.

Un dieu qui m'aime, parce que je suis meilleur que les autres

et me doit cet amour que j'exige de lui.

 

Ne cherche pas de modèles au dehors, ils sont tous faux.

Le seul modèle doit être Lui,

qui n'est pas « dans les cieux » '(dans les nuages)

mais au profond de ce que tu es,

attendant d'être découvert, vécu et manifesté.

 

Fray Marcos

(Traduction Maurice Audibert)

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