Lc 24, 35-47

Dans ce récit d'apparition -maintenant à tout le groupe-, Luc répète plusieurs thèmes du passage antérieur (celui des disciples d'Emmaüs): apparition soudaine de Jésus, incapacité à le reconnaître, réproche de la part de Jésus, stupeur, joie...

Trois fois on répète "Il était nécessaire...": ce qui nous fait soupçonner que les communautés avaient besoin d'une "explication" sur le fait de la croix. Evidemment, ce "il était nécessaire" ne doit pas être compris de manière littérale, comme s'il y avait eu un plan divin préalable. Il s'agit plutôt, d'une lecture "ex eventu", c'est-à-dire une interprétation de quelque chose après que cela a eu lieu.

La nouvelle catéchèse de Luc veut répondre à cette question: "Quel est ce trouble et pourquoi ces objections s'élèvent-elles dans vos cœurs?". Pour ce faire, il insiste sur la présence du Ressuscité -l'allusion à "manger" n'est qu'une manière plastique de l'exprimer- et il fait appel à l'Écriture.

D'autre part, l'évangéliste -comme il arrive dans d'autres récits semblables– il rélie l'apparition avec la mission, mais avec un ajout spécifique de Luc: "en commençant par Jérusalem". Pour lui, Jérusalem représente le «centre» du monde et de l'histoire.

Dès la perspective non-duale, il ne me semble pas inapproprié de dire que le  "il était nécessaire" –mystique- puisse être traduit de manière ajustée par "aimer ce qui est". Ce n'est que cette attitude sage, celle qui nous aligne avec le réel (le présent), qui fait mettre un terme à toute résistance et, donc, nous libère de la souffrance. Qui aime ce qui est, découvre cette paix que rien ne peut la lui enlever.

Et il est disponible pour se donner à partir de la liberté. Et qu'est-ce qu'on réquiert pour aimer ce qui est? Une seule chose: faire taire notre mental; permettre que ce qui est, soit. Lorsque notre mental est calme, ce que nous voulons c'est ce qui est.

Enrique Martínez Lozano

www.enriquemartinezlozano.com

Traducción: María Ortega